Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les Critiques de Versus

Les Critiques de Versus

Blog de critiques de cinéma, de séries et de jeux vidéo


Quel avenir pour le cinéma de genre en France ?

Publié par Vivien Soldé sur 3 Mars 2018, 11:24am

Catégories : #Article

Quel avenir pour le cinéma de genre en France ?

Hier, vendredi 02 mars, se tenait la cérémonie des César. Un très joli palmarès en perspective, dont Manu Payet, maître de cérémonie, défend la pluralité dans son introduction. Et effectivement, cette année l’éternel drame côtoie enfin l’horreur et le gore dont Grave arbore fièrement la bannière avec ses 6 nominations. De même, la comédie est à l’honneur avec 11 nominations pour Le sens de la fête et 13 pour Au revoir là-haut.

Cependant, ayant fièrement enfilé mon meilleur costume de vétérinaire ensanglanté, une bière dans la main droite et les gonades dans l’autre, mon cosplay de supporter cliché était au complet. J’avais d’ailleurs répété popolopopopo pour le crier à chaque récompense pour le film de Ducournau. QUOI ?! AUCUN CÉSAR ! Quelle déception !

Pauvre de moi n’ayant pas fait attention aux multiples signes qui ne trompaient pas. L’ouverture de Payet félicitant Le sens de la fête, 120 battements par minute, Au revoir là-haut et Petit paysans. Ah, tiens ! Il en a au moins oublié un ! Après tout, Grave n’avait que 6 nominations et Barbara, non cité, en avait 9. Mais où est l’équipe du film ? On a bien vu Bacri, Boon, Arlaud… Ha là ! Garance Marillier dépitée par une blague sur « comment les femmes vont réussir dans le cinéma si elles ne couchent plus ». Mis à part ça la réalisation les a plutôt esquivé.   

La cérémonie commence, les récompenses passent…

« Meilleur espoir féminin : Camelia Jordana dans Le brio d’Yvan Attal »

- Pourquoi pas ?! Je n’ai pas vu le film.

- Meilleur premier film : Petit paysan d’Hubert Charuel

- Ha mince ! Ils ont dû lui laisser la meilleure réalisation alors ? 

- Meilleur son : Barbara

- Mouai, pourquoi pas ?! Je n’ai pas vu le film.

- Meilleure musique originale : le gagnant est… 

- GRAAAAAVE sans hésitez, c’est une des meilleures bandes originales jamais faite en France, simple, efficace, angoissante. Une ritournelle horrifique qui vous reste en tête et qui…

- 120 battements/m

- QUOIIIIII ? Que la personne qui s’est souvenu de la musique quelques heures après le film lève la main ! Personne ? 

- Meilleur scénario original : et le gagnant est…

- GRAAAAAVE, face à une approche mélancolique de la situation paysanne, à un groupe d’activiste des années 90, à un gars qui organise des mariages de riches catastrophiques, à Barbara que je n’ai pas vu, l’étudiante végétarienne qui se découvre des penchants éroticogores cannibales gagne ; surtout dans le cinéma franç…   

- 120 b/m

- (Bouffe son coussin et casse le mobilier) AAAAAAAAAAAAAAHHHH (se calme et reprend ses esprits) Pour ne lui avoir attribuée aucune récompense jusqu’ici, ils ont dû lui donner celui de la meilleure réalisation.

- Et enfin, le César de la meilleure réalisation va à … 120b/m

- (État de mort cérébrale)

 

Pourquoi ? Pourquoi tant de mépris et de haine envers le cinéma de genre ? On est désormais dans un pays où l’on attribue une récompense à un navet comme Raid Dingue de Dany Boon parce que notre cinéma dit « populaire » est incapable de produire des films de divertissement de qualité. A qui la faute ? Refusant toute reconnaissance, si minime puise-t-elle être, vous stigmatisé de réelle prise de risque et le véritable combat du cinéma dans ce pays.

Les César ont encore su prouver qu’il était une institution archaïque malgré leur « tentative » de se rapprocher du spectateur lambda avec son prix du public. Depuis quand juge-t-on un film sur son nombre d’entrées ? Depuis quand tous les gens qui vont voir un film l’apprécient ? Depuis quand les effets d’influence sociale (famille, amis, publicité invasive) sont ignorés ? La seule raison de l’existence de ce prix est le mépris de classe comme le prouve l’extrait ridicule, totalement sorti de son contexte, qui a été diffusé. Le prix du public ? Un simple nonos jeté de manière méprisante au cinéma grand public et donné au pire de ses représentants.

Quel avenir pour le cinéma de genre en France ?

Quid de Valérian de Luc Besson ? Certes, c’est très loin d’être un grand film, mais certain aspect technique aurait au moins pu être mis en avant, ne serait-ce que les costumes et les décors ? Mais même ça vous ne pouvez le céder à un film si commercial, rien qu’à la nomination ?! Des équipes françaises ont travaillé d’arrachepied sur ce film à si gros budget véritablement révolutionnaire pour notre pays. Mais apparemment la science-fiction n’a pas non plus votre assentiment.

Certes, les films récompensés le méritent. Certes la poésie, l’humour et la richesse d’un film comme Au revoir là-haut devaient être récompensé. Certes, le cinéma militant et engagé doit être défendu et mis en avant à l’instar de Petit paysan et 120 battements par minute. Trente ans de retard ne sont effectivement pas de trop pour saluer les efforts d’un groupe comme Act’up (même si le combat continu encore aujourd’hui). Mais mettre 120 battements par minute en scénario original face à Grave… Non ! Pour la musique originale non plus. Même si Arnaud Rebotini a bien expliqué son travail, la proposition de Jim Williams est beaucoup plus novatrice. Il fait surgir des sentiments d’oppression, d’angoisse et d’horreur rarement vu et valorisé dans notre cinéma hexagonal.

Je suis déçu de voir ce résultat. Cette mise à l’écart permanente d’un cinéma novateur brisant certain tabou est au moins aussi politique que 120 battements par minutes. Sommes-nous condamnés à voir nos jeunes talents partir pour les USA faute de reconnaissances en France ? Robin Campillo nous a dit hier soir que « silence égale mort ». Ne placez pas le cinéma de genre sous le tapis où vous l’amènerez à disparaître à coup sûr !

Vivien Soldé

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents