Hé bien, nous voici reparti pour un nouveau confinement. Vraisemblablement, cette épidémie ne veut pas nous lâcher...
Cela reste une occasion pour découvrir des œuvres pour lesquelles nous n'avons pas eu beaucoup de temps à consacrer (Jeux vidéo, films, séries, livres, etc.) du moins pour ceux qui ne bosse pas. Je vous propose donc ici de retrouver une nouvelle liste de 10 films s'ancrant directement dans la continuité de la première [ici] que j'avais publié à l'occasion de la fête de l'esprit critique et dans le contexte du premier confinement. Je vous incite à la voir si vous n'avez pas déjà eu l'occasion de la consulter, notamment parce que vous y trouverez comment je "définis" ce qu'est un "film sceptique" et donc pourquoi et comment j'intègre ou non des films dans cette liste.
On retrouve dans cette liste de nombreux genres et types de cinéma : thriller noir, thriller politique, film de procès, animation, drame, romance, comédie, etc. Un film en particulier directement dirigé pour les enfants et peu permettre d'aborder des questions sceptiques assez tôt. En gros, il y en a pour tous les goûts.
Je tiens aussi depuis quelques mois un Instagram (cherchez à viviensld ou versus) où je propose des critiques de films qui m'ont marqué (dans le bon sens, ou pas...), je reviens en particulier pas mal sur les films qui me semblent avoir un potentiel sceptique. N'hésitez donc pas à me suivre.
N'hésitez pas non plus à me faire part de vos découvertes de "films sceptiques", notamment parce que s'il y a un troisième confinement je risque d'être à court d’œuvre ^^'. D'ailleurs, nombre de films de cette liste sont issus des recommandations que l'on m'a faite lorsque j'ai sorti la première. Certains se reconnaîtrons peut-être. Continuons donc ce travail collectif afin de pouvoir offrir une liste conséquente d’œuvre pouvant nous aider à la réflexion sceptique.
Et si vous en voulez plus, vous pouvez toujours consulter ma "Scepticothèque" sur Senscritique que je tiens régulièrement à jour.
Très bonne découverte et à bientôt.
I Origins (Mike Cahill, 2014) : histoire de l'oeil
Un doctorant biologiste, Ian, et sa "stagiaire" de première année Karen se mettent en tête de démonter l'argumentaire de l'Intelligent Design basé sur la complexité de l'oeil. Mais Ian va un jour rencontrer une femme aux yeux qui lui semblent familier. Celle-ci est persuadée qu'une force mystique est à l'œuvre dans leur rencontre.
C'est un film qui questionne aussi profondément notre rapport à la mort. Croyance en l'au-delà et science se mêlent alors intimement grâce à l'émotionnel qui nous rattache aux personnages. La science pourrait-elle trouver une preuve de la réincarnation ? Sur cette question le film nous laisse en suspens... pas trop non plus pour les quelques adeptes de la sciences et du scepticisme qui verront facilement les multiples biais méthodologiques de la dernière expérience.
I origins reste cependant très beau et très viscéral, jouant constamment avec nos émotions et notre raison. Qu'est-il le plus important : croire ou savoir ? Chacun y trouvera ici sa réponse personnelle et nul doute qu'un débat à la suite du film pourrait être grandement animé. Un très bon film sceptique avec des vraies pépites de cinéma dedans !
Critique complète : https://www.senscritique.com/film/I_Origins/critique/133234860
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Au delà de l'illusion (Gillian Armstrong, 2007) : Par-delà la réalité
Au-delà de l'illusion nous embarque dans les derniers jours de Houdini. Alors que la réputation du magicien (Guy Pearce) est à son comble, ses spectacles remplis, sa récompense de 10 000 dollars pour la personne qui lui prouvera l'existence d'un monde de l'au-delà attire des envieux. Une illusionniste (Catherine Zeta-Jones), se présentant comme une médium, va alors tenter de le tromper. Mais est-il si simple de tromper le plus grand prestidigitateur du monde ?
Malgré le fait que le film part sur de très bonnes bases, il s'égare sur la fin laissant tomber ce qui en faisait l'intérêt. La relation entre les deux personnages va vampiriser ce que le titre semblait nous promettre.
Bon, après tout ce ne pourrais être qu'un film d'amour sur fond d'illusionnisme, mais ça un autre film le fera bien mieux par la suite : Magic in the moonlight, bien plus percutant, drôle, beau et magique.
Critique complète : https://www.senscritique.com/film/Au_dela_de_l_illusion/critique/218167045
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The Invention of Lying (Ricky Gervais et Matthew Robinson, 2009) : L'invention de l'intégrité
Dans un monde où le mensonge n'existe pas, la vie de Mark Bellison n'est pas à envier. N'arrivant à rien avec les femmes, viré de son taf et sans argent (le tout empiré par l'absence de soutien de gens trop honnêtes pour essayer de l'aider) il en vient à faire l'impensable : dire quelque chose qui n'est pas vrai !
Petite comédie romantique, The invention of lying part d'un postulat qui a tout pour interpeller. Alors qu'on l'imagine sans prétention, le film nous assène une séquence forte suivi de la plus grosse connerie du monde (faites cependant avec la plus grande bienveillance) : l'invention de la religion.
Sur la forme ça reste malgré tout un film très classique, en particulier sa fin. Mais on passe un bon moment dans notre canapé avec une bonne bière. Et si ça ne plaît pas à cet enfoiré d'homme du ciel qui donne le SIDA et le cancer : He ben on l'emmerde !
Critique complète : https://www.senscritique.com/film/Mytho_Man/critique/218301684
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I... comme Icare (Henri Verneuil, 1979) : M... comme magistral
Dans un pays imaginaire, un président fraîchement réélu se fait abattre. Une commission d'enquête est montée et présente au bout d'un an ses conclusions qui ne conviennent pas à un de ses membres : le procureur Volney. Celui-ci, possédant plus de doutes que de certitudes, refuse de signer le rapport et mène alors sa propre investigation.
Verneuil nous offre un bijou de film à suspens ; un thriller haletant avec un Yves Montant qui suinte la classe par tous les pores.
Les décors et l'ambiance, magnifiés par la musique d'Ennio Morricone nous font pénétrer sans problèmes dans les méandres de cette sale enquête . Nous regretterons juste quelques facilités scénaristiques que nous pardonnons très facilement au vu de la qualité de l'ensemble.
Dans cette course à la vérité, Verneuil nous interroge sur les dangers intrinsèques du pouvoir et en particulier de ceux qui nous sont cachés volontairement ou involontairement... En reproduisant magistralement l'expérience de Milgram, il nous alerte sur la soumission à l'autorité qui nous force à accomplir des tâches qui nous répugnent. Un pouvoir entier pourrait tenir uniquement sur ce principe, même démocratique... et personne n'est à l'abri... même pas le procureur Volney.
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Regression (Alejandro Amenabar, 2015) : Le mal-aimé !
Dans les années 1990, de plus en plus de rumeurs parlent de rites sataniques. Un homme, John Gray, est arrêté au Minnesota, en 1990, pour avoir abusé sexuellement de sa fille Angela. Mais il n'en a aucun souvenir, serait-il au cœur d'un complot ?
A ne pas voir si vous êtes un peu déprimée, l'ambiance du film est vraiment noire. Plus l'enquête avance et plus l'on rentre dans le sordide et l'impensable. C'est une spirale infernale d'horreur ! pour certain peut-être un peu trop.
Il est difficile de parler de ce film, qui est bon à mon sens grâce à sa fin - mais qui divise énormément - sans justement spoiler. Je dirais juste que c'est un film d'un réalisateur injustement sous-estimé aujourd'hui : Alejandro Amenabar, à qui l'on doit notamment le magnifique Les autres et le magistral Agora injustement boudé également. Il semble être un réalisateur particulièrement intéressé par les effets de croyance et apporte en cela des œuvres sceptiques qui ne sont pas banales. Il n'y a plus qu'à voir le reste de sa filmographie.
Bref , je vous conseille vraiment Regression qui est un des meilleurs thriller que j'ai vu depuis longtemps.
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Yéti & compagnie (Karey Kirkpatrick et Jason A. Reisig, 2018) : la chasse à l'homme
Au sommet de l'Himalaya où vivent les yétis, Migo, le fils du sonneur de gongs, tout comme son père et les membres de sa communauté, respectent les lois des anciennes pierres qui régissent la vie des yétis. Quand il assiste à un accident d'avion et découvre pour la première fois un humain, sa vie va en être bouleversé. Mais n'ayant aucune preuve, il est banni de son village. Déterminé à prouver à ses congénères la véracité de ses propos et afin d'attirer l'attention de celle qu'il aime secrètement, Migo se met en quête avec d'autres alliés à retrouver un humain et à le montrer.
Très bon film pour enfants si vous souhaiter aborder les questions du scepticisme méthodique avec vos enfants. C'est drôle et sympathique même si très banale dans la forme et notamment dans l'animation qui fait datée.
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Le procès du siècle (Mick Jackson, 2016) : le point Godwin
Un négationniste, historien réputé, attaque une de ses collègues, spécialiste du dénigrement de la Shoah, pour diffamation. Cette dernière se retrouve alors au centre d'un procès d'envergure mondiale qui va devoir décider si oui ou non la Shoah a réellement existé.
Comment sait-on ce que l'on sait ? Quels sont les véritables preuves que la déportation des juifs a bel et bien existé ? Ainsi commence ce film judiciaire, sur ces questions laissées en suspens et pour lesquelles les protagonistes vont devoir se battre face à un juge tout puissant.
Ce film, tiré d'un véritable procès Lipstadt/Irving, nous amène dans les méandres de la justice anglaise où la charge de la preuve est inversée. Nulle présomption d'innocence ici, c'est à l'accusé de prouver qu'il est innocent... Autant prouver l'absence d'une théière orbitant entre Mars et Jupiter (celui qui y arrive sera prix Nobel sans problèmes). C'est ainsi à notre historienne de prouver l'existence de la Shoah et non au négationniste d'appuyer sa thèse : un véritable monde à l'envers défiant toute logique. Si l'épreuve n'était pas déjà assez difficile, notre héroïne va également devoir affronter son indignation et ses blessures profondes afin d'assumer le regard froid et scientifique de son avocat déplorant l'absence de preuves véritablement tangibles au milieu des décombres d'Auschwitz.
Ce procès est véritablement fondateur et annonciateur du siècle à venir : celui de la post-vérité et des Fake news où les faits sont relégués au rang d'opinions. On regrettera que l'équipe ne semble pas avoir compris l'ampleur de cet événement et du message à faire passer puisque tout l'aspect mythique et démesuré est atténué. Cela vient en partie de la volonté de se concentrer sur le procès et ses acteurs en délaissant l'impact sur la société. Nous sommes alors en droit de nous demander si un tel jugement est vraiment une victoire pour l'Histoire ?
Mais face à l'absence d'un souffle fondateur, nous nous consolons dans des dialogues ciselés et des interprétations d'une remarquable justesse.
PS : on notera la deuxième apparition de Tom Wilkinson dans cette liste.
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Contact (Robert Zemeckis, 1997) : Très loin d'être rasoir !
Est-ce encore vraiment utile de présenter Contact ?
Le docteur Eleanor Arroway, scientifique talentueuse du programme SETI, découvre un signal extra-terrestre. Après traduction de celui-ci, il se trouve que c'est les plans d'un moyen de transport intersidéral. Alors, véritable contact ou énorme canular ?
Zemeckis nous pond ici un des plus grands films sceptiques de l'histoire, notamment grâce au le duo scientifique et fervent chrétien incarné par Jodie Foster et Matthew McConaughey. Duo qui nous donnera une mythique scène d'explication du rasoir d'Ockam.
Tout est dans ce film qui prend le temps d'explorer les bouleversements politiques et sociaux qu'une telle information pourrait provoquer. Fanatisme religieux, emballement des médias, radicalisation, coopération internationale, etc. Presque une véritable étude psycho-sociologique. A voir absolument !
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Experimenter (Michael Almereyda, 2015) : Un film qui fait autorité
Déjà parfaitement mis en scène dans I... comme Icare, l'expérience sur l'autorité de Milgram est ici de nouveau montrer puis analysée. Nous suivons ainsi le chercheur dans ses recherches et ses implications. Experimenter aborde de nombreuses expériences de psychologie sociale : conformisme, contagion sociale, et surtout soumission à l'autorité.
Les thèses de Milgram, aujourd'hui fondamentales, sont très mal acceptées à l'époque. Comment accepter qu'un pays démocratique puisse engendrer autant de soumission consentie, non contrainte ? Les enjeux de l'esprit critique et de la connaissance de ces expériences sont donc nettement posés.
Experimenter n'est pas vraiment en soi ce qu'on pourrait appeler un film sceptique mais il nous éclaire sur une partie du pendant de la psychologie sociale absolument primordiale. Il est cependant peut-être un peu confus ; tout le monde n'accrochera pas.
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Houdini & Doyle [Les Mystères de Londres] (David Titcher et David Hoselton, 2016) : Deux faces d'une même pièce
Une fois n'est pas coutume, nous traiterons ici d'une série.
Londres 1900, les journaux titrent "Un fantôme assassin hante un couvent". Houdini, qui vient tout juste de sortir de son caisson remplit d'eau, y voit l'occasion enfin de démystifier une bonne fois pour toutes ces fariboles. Doyle, quant à lui, alors qu’il vient de tuer Sherlock Holmes et de sortir un essai peu engageant, espère profiter de cette actualité pour prouver au monde l'existence d'une vie après la mort. Face à la renommée de deux protagonistes (qui savent s'envoyer des fions avec classe et avec une régularité étonnante) le commissaire cède et met une agente sur l'enquête, Adelaide Stratton, censée les surveiller. Ainsi commence les aventures de Houdini et Doyle à Scotland Yard.
Malgré leurs croyances qui sont radicalement opposées, ils ont une chose en commun : la méthode avec laquelle ils enquêtent. Grâce à cela, ils en arriveront toujours aux mêmes conclusions, même si certains points restent mystérieux. Dès lors, la série ne prend aucun parti, traitant les personnages avec une rigoureuse égalité, nous montrant que l'important n'est pas d'avoir des croyances ou non, mais d'être capable de les mettre à l'épreuve du réel et s’en affranchir si les preuves qui y vont à l’encontre sont suffisantes.
On regrettera la construction un poil simpliste de la série, en même temps c’est une série policière, et les quelques explications un peu extravagantes et abracadabrantesques, mais en même temps normales pour une série sur le paranormal.
Critique complète : http://versus-critiques.over-blog.com/2020/04/houdini-doyle-les-mysteres-de-londres-de-david-titcher-et-david-hoselton-2016.html