A l’occasion de la 1ère Fête de l’esprit critique en ce 1er avril 2020, normalement bien festif, mais un peu morose cette année, et en cette période de confinement (Covid-19 tout ça…) il me semblait intéressant de proposer une liste de films sur le thème de l’esprit-critique.
Mais je te vois déjà, toi le zététicien.ne pinailleur.euse devant ton ordinateur, ta tablette ou ton smartphone à te demander : « mais c’est quoi un film sur l’esprit-critique ? » et c’est une bonne question. Avec ses dizaines, voire ces centaines, de genre le cinéma nous propose divers univers aux normes plus ou moins codifiées. Du western à la science-fiction, du drame à la comédie, du thriller au film d’action aucun genre ne semble particulièrement attaché à l’esprit-critique. Même si les films en huis-clôt et de procès paraissent bien se prêter à cet exercice (comme nous le verront par la suite), il nous faut chercher au-delà de la question du genre.
Il n’y a donc pas de délimitation précise de films s’intéressant au courant zététique, aux méthodes du scepticisme et plus globalement à l’esprit critique et à « l’art du doute ». Nous savons cependant qu’ils sont sans doute trop peu fréquents. Partant de ce constat, nous ne pouvons que partager nos découvertes au fur et à mesure de nos visionnages. Je fais ce travail depuis un moment sur Senscritique : (https://www.senscritique.com/liste/Scepticotheque_La_cinematheque_sceptique_et_zetetique/2208019) où j’ai créé la « Scepticothèque » regroupant que des films que j’ai pu voir et qui me paraissaient pertinents.
Je n’ai pas fait de tri en fonction des qualités esthétiques (forcément subjectives) ou thématiques des films. Sur ce dernier point, cela veut dire que je n’ai pas mis de côté les films mettant en avant des méthodologies farfelues et absolument pas rigoureuses. Mais au contraire, je les ai inclues avec la volonté de mettre en avant des films qui pourrait avoir une influence non négligeable sur des gens « crédules », « croyants » et/ou « tenants ». Comme le dit Karim Debbache dans son excellente vidéo sur le navet/nanard House of the dead : « Voyez ce film parce qu’il montre tout ce qu’il NE faut PAS faire » (en substance c’est à peu près ça).
Je me suis avant tout intéressé aux films qui présentaient dans leur construction globale une réflexion sur les méthodologies de recherche. D’autres présentent simplement des personnages utilisant ces méthodes ou les élaborant. J’ai écarté les films où juste une ou quelques scènes s’ancraient dans cette réflexion (ex : Jeanne d’Arc de Luc Besson avec l’interprétation des signes de Dieu).
Cette liste n’est bien sûr pas faite pour dire que ces films sont des parangons de vertu et certains bons à brûler même s’ils sont très mauvais (Je suis absolument anti-censure). Je la constitue surtout afin que des discussions et des réflexions puissent émerger du visionnage de ces films. On peut potentiellement en tirer des enseignements intéressants et éventuellement utiliser certains de ces films comme support pédagogique. J’essaie de préciser à chaque fois si ça me semble pertinent (ce qui ne vous empêche pas de vous en foutre complètement de mon avis ^^)
Qu’ils soient américains, chinois, français, espagnols… du navet au chef d’œuvre, du film historique au film fantastique, du documentaire au film gros budget, des années 1950 à aujourd'hui, il y en a pour tous les goûts. Alors, chers amis, si vous ne savez plus quoi regarder parce que vous avez terminé le catalogue Netflix, n’hésitez pas à jeter un œil ci-dessous.
N’oublions pas : "L’esprit critique est notre avenir, ne l’économisons pas !" Je vous encourage à partager cette liste et surtout à me proposer de nouveaux films auxquels je n’aurais pas pensé ou pire… que je n’aurais pas vu (malheureusement je n’ai pas encore la connaissance cinématographique infuse).
Bonne découverte et bon visionnage !
Sur une réalisation et un scénario de Rodrigo Cortès (Buried), Red Light est sans doute le film le plus proche des milieux zététiques parce qu’il en traite directement. Malgré son casting grandiose (Sigourney Weather et Robert De Niro, rien que ça… mais aussi Cillian Murphy (Inception, The Dark Knight, Dunkerque…)) Red Light n’eût pas le droit à sa sortie au cinéma en France (mais seulement en DVD). On y suit deux sceptiques Tom et Margaret habitués à enquêter sur les phénomènes paranormaux. Mais le parapsychologue Simon Silver dont les capacités surnaturelles remettent en cause la science établie va leur donner du fil à retordre. Apparemment, il n’utilise pas les techniques habituelles de manipulation. Alors véritables pouvoirs surnaturelles ou charlatanisme ?
Red Light suit enquête sur le paranormal à la manière des zététiciens mais avec une touche hollywoodienne en plus faut bien l’avouer. Mais on ne va pas bouder son plaisir devant ce thriller palpitant et plein de surprises. Le film aborde de nombreux concepts (rasoir d'Okham, études en simple, double et triple aveugle...) de nombreux domaines (spiritisme, homéopathie, voyance...) en ayant une connaissance assez aiguisée de l'état des recherches scientifiques dans ces domaines. Il ne fait pas l'impasse non plus sur les comportements irrationnels des scientifiques. Quelques tours très simples sont dévoilés et font prendre conscience au spectateur des multiples manipulations dont son cerveau peut être la victime. Reste alors le trucage suprême celui qui guide tout le film. Est-ce que quelqu’un arrivera à trouver le truc avant la fin (s’il y en a un) ?
On regrettera cependant les tous derniers moments du film qui malheureusement brisent l’univers qui était si bien posé, mais ils ont l’avantage de poser question. Quelqu’un pour en discuter ?
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Ce péplum d’Alejandro Amenábar (Les autres), ne nous montre pas des hommes musclés aux corps huilés en train d’enchaîner les coups de glaives et de saigner sur le sable d’une arène ou des scènes de combats épiques contre des barbares abrutis menaçant la civilisation… quoi que sur ce dernier point… Agora se déroule à Alexandrie au temps où le christianisme se propageait exponentiellement dans tout le monde connu. Alors que les anciennes religions monothéistes s’écroulent, une philosophe Rachel Weisz essaie de comprendre comment fonctionne notre monde et l’univers par le biais d’expérience (quelle drôle d'idée !). Mais son travail va être interrompu par les religieux dont la théologie va rapidement s’étendre dans les couches sociales les plus exploitées de l’Empire romain en plein déclin puis dans ses couches supérieures. Entre science élitiste et religion populaire, entre rationalité et croyance, est-ce qu’un compromis social pourra être trouvé ?
Agora interroge fortement sur la propagation de l’irrationalité au sein de société inégalitaire et violente (ici via les esclaves) et comment la rationalité (issue d’une certaine éducation et forcément élitiste, du moins à cette époque) peut-elle réagir face à ça. D'ailleurs toutes comparaisons avec notre monde actuel ne seraient pas totalement fortuites. La lutte entre la science/la rationalité et l’obscurantisme/croyance aveugle est-elle aussi simple qu’on le croit ? Agora, qui développe sa réflexion autour du quatuor science, politique, religion et peuple, mériterait une analyse bien plus poussée que celle-ci. Malgré tout, ce grand film humaniste ne manquera pas d’animer votre fin de projection avec des discussions aussi enflammées que la bibliothèque d’Alexandrie.
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Alors là… Chers amis sceptiques, zététiciens, rationalistes, défenseurs des lumières et de l’esprit critique et autres scientifiques, avant votre visionnage, équipez-vous d’une boule anti-stress, installez votre puching ball à côté de votre canapé et écartez tout objet pouvant, (malencontreusement bien sûr) voler en direction de votre écran plasma 55 pouces acheté il y a quelques semaines. Jésus l’enquête, produit purement évangélique de la société PureFlix (ayant également produit Dieu n’est pas mort que je n’ai pas vu, mais imaginez bien qu’il est sur ma liste et qu’il risque de débarquer sur cette liste à tout moment), va activer en vous des réactions épidermiques violentes et sans doute les plus beaux crachats de noms d'oiseaux de votre vie. Autre effet secondaire : rester amorphe en perdant toute fois en l’humanité. Respectez bien la posologie !
Lee Strobel, journaliste d'investigation athée veut enquêter sur la résurrection de Jésus suite à la conversion de sa femme à la foi chrétienne évangélique. Dans sa détermination il oubliera de remettre en question les "preuves" qui lui sont apportées, d'interroger des personnes non-croyantes (Ha si... il l'a fait ! Une psy...chanaliste ! Dommage, mauvaise pioche !), de remettre en cause son postulat de base (l'existence de Jésus), etc... En gros, un journaliste totalement incompétent qui finira lui aussi par se convertir suite à l’accumulation de « « « preuves irréfutables » » ». Il avait dû oublier sa boîte à outils "sceptique".
Film véritablement puant, soi-disant tiré d’une histoire vraie, à l’objectif purement prosélyte. Encore plus piégeux par sa forme absolument maîtrisée sans être vraiment inoubliable. Il ne souffre pas clairement pas d’un manque de moyen et s’adresse au plus grand nombre. Il est sorti au cinéma en France contrairement à Red Light.
Cependant, il me semble important de le voir. Déjà parce qu’en tant que sceptique on se frotte à ce qui ne va pas dans notre sens mais surtout parce que c’est un chef d’œuvre sur l’incompétence méthodologique. Tout y est !! Petit conseil pour votre visionnage : sortez votre grille de bingo des biais ! (Pour votre santé : à ne surtout pas transformer en jeu à boire !!!)
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Ah ! Un peu d’histoire contemporaine (oui c’est mon domaine). Ce film de Stanley Kramer fait directement référence au procès Scopes (1925) dans lequel un professeur est accusé d’avoir enseigné la théorie de l’évolution dans un état des USA l’ayant interdit (allez voir sur Wikipédia « Monkey Laws » et je vous renvoie aussi vers l’excellent MOOC sur la pensée critique qui revient en détail sur cette affaire). Suite à la plainte, deux avocats débarquent alors dans la petite ville paumée : un évangéliste convaincu et un libéral pro-science. Vont s’en suivre deux heures de débat intenses et de stratégies argumentatives. Qui de la science ou de la croyance va l’emporter ?
Film de procès très peu connu et pas vraiment reconnu. Il sort pourtant au USA à un moment charnière de l’histoire de la science américaine. Alors qu’en 1957 Spoutnik vient de s’envoler, le pays de John Waynes veut désormais favoriser le plus possible la science afin d’égaliser le rapport de force technologique avec son rival communiste. A ce moment, certains américains commencent à vraiment percevoir le problème des "Monkey Laws". De ce point de vu, ce film participe fortement à cet élan politique en médiatisant ce problème qui se règlera finalement en 1968 dans le procès Epperson v Arkansas.
Bien que le film ne soit pas totalement fidèle à la réalité pour les besoins de la fiction, il reste un témoignage d’une époque où la croyance religieuse a dû commencer à s’inquiéter pour ses privilèges. Une page importante de l’histoire du scepticisme en somme !
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Si vous n’avez pas vu ce film, ne lisez pas cet avis (spoilers) ! Allez directement le voir (le film est disponible en totalité ci-dessous) ou passez à la suite.
Qui un jour aurait dit qu’un film documentaire « réunirait » autant les complotistes et les sceptiques ? Les complotistes sont très contents d’y trouver des arguments qui vont dans leur sens et les sceptiques, eux, regardent le film en entier. On retrouve alors certaines scènes de ce film par ci par là sur Youtube démontrant par A+B que l’homme n’a pas marché sur la Lune avec le magnifique argument d’autorité : « puisque c’est Arte qui le dit ». On ne soulignera pas l’aspect contradictoire de présenter un documentaire d’Arte comme preuve d’un complot des médias et des politiques.
En vérité, ces personnes n’ont jamais vu le film en entier (ou sont particulièrement dénué de sens critique et de sens de l’humour). William Karel nous propose un documentaire redoutablement intelligent sur le détournement des images uniquement par le montage. Pas de trucages ici, juste quelques faux témoignages pour cimenter le tout. En récupérant de nombreuses images d’un de ces films sur le Watergate, Karel réussit à faire avouer un complot à certaines des personnalités les plus importantes des USA. Les images de l’homme sur la Lune seraient des fausses tournées par Kubrick en studio en échange de quelques avantages en nature. Remarquez que personne n’a dit que l’homme n’avait pas marché sur la Lune et que seules les images d’Apollo 11 sont concernées ! Très sérieux dans sa première demi-heure pouvant piéger n’importe qui, le film part ensuite totalement en vrille et dans le grotesque total, enchaînant les jeux de mots les plus foireux et les théories les plus farfelus, pour notre plus grand bonheur. Un magnifique exemple d’humour sceptique.
Il est impératif de voir ce film ! Il permet de mieux comprendre comment se construit un film documentaire et de douter de ce qu’on nous montre en particulier à la télévision (mais ça marche aussi avec des documentaires majoritairement visionnés sur Youtube, genre La révélation des pyramide). Ce film peut être un support pédagogique assez formidable puisqu’il est très facile de n’en montrer que certaines scènes pour les analyser. De plus, William Karel a donné une conférence en revenant précisément sur la construction de son film (ce qui est vrai et faux) permettant de détricoter les principes de manipulation. A vous de jouer !
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Une des plus grandes œuvres de l’histoire du cinéma que l’on peut à mon avis qualifier de film sur l’esprit critique. Inutile d’écrire de nombreuses lignes à son sujet tout a sans doute déjà été dit. (mode cinéphile : on) Sceptique ou pas il faut le voir ! (mode cinéphile : off).
Lors d’un procès pour meurtre, douze jurés doivent débattre de la culpabilité du prévenu et se prononcer à l’unanimité. Alors que onze d’entre eux n’ont aucun doute sur sa culpabilité, en se basant uniquement sur leurs préjugés, le douzième, presque convaincu, émet cependant un doute. Quelque chose ne va pas dans ce qui a été dit dans ce procès. La spirale infernale est alors enclenchée, pourquoi ça bloque ? Qu’est-ce qui ne va pas ? Le débat est rude ! l’accusé sera-t-il condamné ou libéré ?
12 hommes en colère veut montrer que la « vérité » ne se trouve pas dans les préjugés, la pensée rapide et automatique. La réflexion, le doute, la recherche, les preuves permettent de contourner ces problèmes. Si le doute est sain, l'alternative féconde et le changement d’avis sage, le dogme en revanche est une barrière complexe à ébranler. La matière que travaille ce film est avant tout l’humain. Ce n'est pas pour rien s'il est souvent proposé comme outils de discussion dans les filières de psychologie. A l’instar de presque tous les films de cette liste il mériterait une étude entière, mais je ne peux en parler plus longtemps sans en dévoiler la fin (ce que je ne peux me résoudre à faire). Voyez ce film si ce n’est pas déjà fait !
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Thanatos l’ultime passage (Pierre Barnérias, 2019) : expérience de mort cérébrale imminente !
Avant de voir ce film : renforcez les mesures prises lors de votre visionnage de Jésus l’enquête. Capitonnez votre salon ! Démarrez le film avant d’enfiler votre camisole ! Bien sûr l’équipe du film ne se porte pas responsable en cas d’accident notamment de rupture d’anévrisme en cas d’overdose de connerie et autres bullshit. Il est rigoureusement déconseillé d’enchaîner les visionnages de Jésus l’enquête et de Thanatos à cause du trop grand risque de mort cérébrale accidentelle.
Pendant le film : ronger votre frein
Après le film : changer de frein
Thanatos, l’ultime passage est l’« œuvre » de Pierre Barnérias, qui est aussi coupable d’autres films que je n’ai « mal »heureusement toujours pas vu. C’est un documentaire qui traite des Expériences de mort imminente (EMI), enfin sur le papier, puisqu’en vrai on parle beaucoup plus d’expérience de projection astrale… Exemple type du fait que ce film est un véritable bordel. Des interviews se succèdent sans aucune cohérence. Majoritairement des témoignages, mais aussi quelques théoriciens très partisans (seul un psychiatre paraît plus neutre mais son discours de seulement quelques secondes dans tout le film est totalement haché et semble n’être ici que pour attester les propos du film : cf technique de manipulation par le montage d’image dans Opération Lune). Il y a également des interviews des gens du Samu afin de savoir ce qu’il pense des EMI, mais ils ne sont pas experts du domaine… ça foisonne arguments d’autorité et de biais.
Le film pourrait se contenter d’être seulement maladroit et sensationnaliste (ce ne serait pas la première fois) mais non ! Il est intrinsèquement partisan mais aussi méprisant. Il dissimule des idées vraiment dangereuses notamment celle, bien sous-entendu, qui dit que les athées iront en enfer… oui oui, je ne plaisante pas ! Et c’est un film français #cocorico ! Mais ouf, il n’a pas été financé par le CNC. Il se veut porteur d’espoir et de lumière (divine) mais n’est qu’obscurantisme. J’ai pu me consoler en voyant qu’autour de moi il n’y avait que trois ou quatre personnes dans la salle (oui, j’ai vu ce film au cinéma… dur la vie de SMS[1] !).
Malheureusement, à l’inverse de Jésus l’enquête, il me semble plus difficile de l’utiliser comme support éducatif notamment dû aux expériences personnelles des gens, souvent assez dramatiques, que l’on peut croiser dans ce film. C’est compliqué de discuter sur ces témoignages d’un point de vue rationnel. Mais c’est surtout parce que le film est particulièrement vide et ne s’appuie pas sur grand-chose mis à part des témoignages. Si Jésus l’enquête est le nanard du sceptique, Thanatos en est le navet : fade, sans consistance tout en restant relativement dangereux.
[1] Sadomasochiste sceptique
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Magic in the moonlight (Woody Allen, 2014) : Un sceptique face à une médium : ça tourne mal !
Une petite comédie sentimentale de Woody Allen un peu légère dans cette fin de liste. Le film rentre dans cette liste grâce à son personnage principal, grandement inspiré de Houdini, magicien sceptique et traqueur de manipulateurs et autres charlatans. Il débarque alors, avec son égaux surdimensionné et son assurance de… ben de zététicien trop sûr de lui, dans une famille bourgeoise ayant accueilli une médium capable de discuter avec les défunts. Bougie qui lévite, cadre qui bouge, voix d’outre-tombe, bien que notre magicien soit un expert, il est incapable de trouver le truc. Alors paranormal ou tour de magie ? La véritable manipulation ne se trouverait-elle pas ailleurs ?
Film sympathique avec un personnage dont le scepticisme est plus issu d’une croyance en l’inexistence du paranormal plutôt qu’à un doute méthodologique sérieux finalement plus crédule qu’il ne veut bien le montrer. Allen montre d’une manière plaisant les quelques limites des sceptiques trop sûrs d’eux et ne doutant pas assez. La fin va vous surprendre.
Pour une critique de ce film moins centrée sur le scepticisme (et quelque peu datée) : http://versus-critiques.over-blog.com/2014/11/magic-in-the-moonligth-de-woody-allen.html
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The man from Earth (Richard Schenkman, 2007) : À affirmation extraordinaire preuves plus qu’ordinaire
Les pépites sceptiques se trouvent souvent en DVD. C’est le cas de The man from earth qui, malgré son petit budget, a le mérite de s’être taillé une réputation uniquement par le bouche à oreille.
Alors que John déménage, ses collègues de l’université débarquent chez lui pour un dernier verre. Ne comprenant pas ce départ et l’envie de couper les ponts avec toutes ses connaissances, ils interrogent John sur les raisons de sa décision. Ce dernier prit au piège et au dépourvu avoue être âgé de 14000 ans. Ce huis-clôt passionnant nous embarque dans une réflexion intense. Dit-il la vérité ? Quels sont les preuves ? Il sera ainsi interrogé sans interruption par ses anciens collègues professeurs : biologiste, historien, théologienne... Qui sera capable de mettre de côté ses certitudes pour envisager une réalité qui dépasserait l'entendement (ou pas...) ?
En tant que spectateur nous participons au même titre que les personnages à la réflexion autour de cette affirmation extraordinaire. Nous poussant à douter sans cesse et à nous interroger finalement sur les objectifs des débats et les positionnements de chacun des personnages. Une discussion passionnante et stimulante qu’on aimerait vivre avec les personnages.
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Hero (Zhang Yimou, 2002) et Rashômon (Akira Kurosawa, 1950) : Un film, une histoire, plusieurs versions
Deux films en un pour finir puisqu’ils répondent tous les deux au même principe : un film dans lequel une histoire est racontée de plusieurs points de vue. Deux grands films orientaux du cinéma et deux montsres de la réalisation : Zhang Yimou (Le Sorgho rouge, Épouses et concubines, Le secret des poignards volants) et Akira Kurosawa (Les sept samouraï, La forteresse cachée, Dersou Ouzala). Le côté sceptique de ces deux œuvres est d’ailleurs sans doute moins flagrant et important que dans les films précédents.
Dans Hero, un homme est convoqué au palais de l’empereur après avoir tué trois assassins et ennemis politiques. Pour chaque assassin abattu l’homme se rapproche de plus en plus de l’empereur. Celui-ci au fur et à mesure commence à douter des histoires de cet homme et propose sa propre version de l’histoire. Ainsi commence une lutte pour la vérité.
Dans Rashômon, quatre personnes racontent la même histoire, un crime, de leur point de vue.
Ces deux films interrogent le réel, comment le trouver ? Ils ont aussi l’avantage d’impliquer directement le spectateur qui, à l’instar d’un film policier (bien fait), va essayer de mener sa propre enquête. Mais surtout, la réflexion dépasse la simple méthode à appliquer et s’installe sur le terrain de la réflexion philosophique et/ou politique au sens noble du terme. Deux films qui, non pas concluent, ni ferment cette liste, mais l’ouvrent à de nombreux autres domaines et réflexions.
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Conclusion
Voici donc quelques films à vous mettre sous les yeux durant cette période de confinement. On y retrouve certains motifs, notamment celui du huis-clôt, (à peu près 5 films sur 10) et celui de la justice (là où la vérité peut décider de la mort/emprisonnement d’une personne alors autant avoir une méthode solide). Les films de procès sont sans doute les plus grands représentants au cinéma de la mise en œuvre de méthodes (fiable et impartiale ou pas). L’avantage est également de présenter le point de vue de l’adversaire, même si bien trop souvent d’une manière un peu trop caricaturale.
Paradoxalement, nous remarquons surtout que ce sont des films centrés sur les personnages et non pas sur les faits en eux-mêmes. Le scepticisme se heurte ici avant tout aux défauts humains et à nos nombreux biais. La discussion et l’échange d’idées et de point de vue sont donc absolument centraux. Valeurs qui sont, en tout cas pour le cinéma, mais aussi sans doute pour tout le « mouvement » sceptique, le cœur d’une réflexion bien menée.
Si vous avez d’autres idées de films et/ou des critiques sur cette liste je suis absolument preneur ! N’hésitez pas à les partager. Vous trouverez ci-dessous d’autres films « sceptiques » (avec une définition toujours pas arrêtée). La liste continue d’évoluer sur : https://www.senscritique.com/liste/Scepticotheque_La_cinematheque_sceptique_et_zetetique/2208019