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Les Critiques de Versus

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Blog de critiques de cinéma, de séries et de jeux vidéo


"3615 code père Noël" de René Manzor (1990)

Publié par Versus sur 5 Décembre 2020, 09:26am

Catégories : #Longs-métrages

"3615 code père Noël" de René Manzor (1990)
Quand Noël tombe un vendredi 13

Si je vous dis un film d'horreur français se passant à Noël réalisé par le frère de Francis Lalanne avec une chanson de Bonnie Tyler et un enfant avec une coupe mulet pour héros vous me répondrez ? Sans doute "kamoulox" dans un premier temps, puis "navet" dans un second temps, quand vous aurez surmonté le choc qu'un tel film puisse exister. Et vous n'aurez que peu d'occasion de vous tromper à ce point !

 

Dans 3615 code père Noël, un homme, suite aux multiples rejets qu'il subit de la part des enfants, disjoncte complètement en s'attaquant au rejeton d'une patronne de magasins de jeux le soir du 24 décembre. C'est ainsi que Thomas de Fremont, 9 ans surdoué et ultra astucieux, devra affronter dans une partie de cache-cache sanguinaire un père Noël psychopathe. Il pourra heureusement compter sur le soutien limité de son grand-père bigleux et diabétique.

 

Il y a des jours où il nous arrive au hasard d'une page Facebook ou d'une discussion de déterrer des films oubliés de tous. 3615 code père Noël fait partie de ses pépites disparues. Prenez Maman, j'ai raté l'avion (qui est sortie la même année) mixer avec Vendredi 13 et vous obtiendrez un film de suspense/aventure/horreur oscillant d'un bout à l'autre entre peur et rire.

La musique de Bonnie Tyler

Avec un univers bien particulier digne des meilleurs moments des Goonies, le film nous fait voyager dans un château gigantesque aux multiples passages secrets et pièges en tout genre. Même le temps n’épargne pas cette immense demeure gothique qui semble évoluer dans un autre plan d’existence comme complètement coupée du monde réel. Égaré dans ce dédale burtonnien, personne ne vous entendra crier, à part un Santa Claus démoniaque.

 

Malgré son côté douche écossaise, 3615 code père Noël reste un film très humain et touchant. La relation fusionnelle entre un petit fils et son grand-père, brillamment interprétée, apporte cette incroyable chaleur humaine que nous attendons tous d'un bon film de Noël (assez rare malheureusement). Parce qu'au final, le vrai sujet du film, qui n'est pas juste un défouloir macabre, est celui de la perte d'une croyance.

"3615 code père Noël" de René Manzor (1990)

Thomas est à la fois programmateur, informaticien et mécano, il conduit et dirige également quelques parties de jeux de rôles, enfin bref, il est incroyablement surdoué et a déjà plus d’un pied dans le monde des adultes. Cependant, il croit toujours au père Noël. Il a bien des doutes et des questions, mais celles-ci sont esquivées par la répartie implacable de sa mère qui tient absolument à ce que son enfant croit le plus longtemps possible et reste dans l’innocence loin du monde réel ennuyant et de la comptabilité.

 

Cette âme d'enfant, maintenant sous pression ses doutes, va exploser quand il se frottera à la dure réalité du monde extérieur. Enfermé dans sa tour d'ivoire il ne sait que la guerre n'est pas un jeu, que la mort n'est pas réversible, que les choix ne sont pas ceux d'un jeu de rôle, et surtout : que le père Noël est une ordure.

 

Ce psychopathe renvoie directement à un possible futur de Thomas. Cet homme perdu dans le monde ne cherche qu'un tendre attachement, qu'un moment de bonheur auprès des enfants. Sorte de Michael Jackson sur la paille, il nous fait pitié. Il n'est finalement qu'un grand enfant reclus et isolé qui ne cherche qu'un compagnon de jeu pour échapper à ce monde qu'il ne veut affronter et retourner dans celui de l'innocence. En est-il jamais sorti ou la transition a-t-elle été trop brutale ? En tout cas, victime et bourreau se ressemblent bien plus qu'ils ne pourraient l'imaginer.

"3615 code père Noël" de René Manzor (1990)

Ainsi, la morale de ce conte pourrait être que les rêves sont magnifiques mais ne sont que des chimères, la réalité doit un jour être affronté afin de ne pas se perdre dans le monde. Le plan final en est la parfaite illustration. Une morale sur le rite de passage à l’âge adulte à partager avec toute la famille. Mais pas trop tôt tout de même !

 

3615 code père Noël illustre à nouveau la richesse que peut apporter la France aux films de genre et montre également qu’ils sont encore terriblement méprisés. Manzor nous offre ici un univers unique et un grand film d’horreur pour jeune adolescent. Malgré, quelques soucis de mises en scène, notamment une trop grande utilisation des ralentis, le film se tient parfaitement et nous embarque sans problème dans son délire psychotique. Il fait partie de ces œuvres qui, en dépit de leurs nombreuses qualités, sont trop souvent sujettes à l’oubli. Heureusement, que des gens agissent dans l’ombre pour déterrer, tel des fossoyeurs, ces pépites disparues. Ainsi, les nouvelles générations peuvent enfin accorder à ses films les lettres de noblesse qu’elles méritent. C’est en tout cas ce que j’espère faire avec cette critique… Joyeux Noël !

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